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André ADAM, 79 ans

André ADAM, 79 ans

La seule victime française des attentats de Bruxelles est paradoxalement un diplomate qui n’a cessé de servir la Belgique. Né à Bruxelles, André Adam était belge mais il avait aussi obtenu la nationalité française le 21 juin 2006. Il était assis avec sa femme dans l’aérogare de Zaventem près des rangées 4 et 5 quand la première bombe explosa. Puis vint la seconde, toute proche, qui dégagea un violent souffle à hauteur des pieds – si fort que les corps se déplaçaient sur le sol. « Le plafond est tombé sur nous. Mes cheveux ont brûlé. Mon mari était recroquevillé. Il ne parlait pas. Un jeune homme par terre m’a tendu la main. Je l’ai serrée », raconte aujourd’hui son épouse, Danielle, en revalidation dans un hôpital du Brabant. « J’ai vu qu’on emmenait mon mari en ambulance. C’est la dernière image que j’ai de lui . »
Plongée dans un coma artificiel pendant une quinzaine de jours, amputée d’un pied, Danielle David, 72 ans, n’a pas pu assister à la cérémonie au crématorium d’Uccle le 1er avril. « Je n’ai pas réussi à sortir mon chagrin. De temps à autre je pleure toute seule. Mais c’est comme un nœud. »
Dès qu’elle sera valide, elle retournera avec les cendres du défunt dans leur maison du Gers, à Larressingle où le couple s’est établi en 2001 à la retraite du mari. L’ancienne boulangerie qu’ils ont rénovée a été cambriolée il y a quelques jours, mais peu importe, dit leur fille Isabelle, tout cela n’est rien par rapport à ce qui s’est passé.
André Adam était le président des « Amis de Larressingle », l’un des plus beaux villages de France nanti d’une belle forteresse. Le diplomate belge avait trouvé des financiers pour réparer la moitié des murailles. Il aidait le maire à rédiger ses discours. Il aimait marcher, adorait la musique, était féru d’histoire et de littérature. Depuis peu, raconte sa fille Isabelle, il s’était mis aux fourneaux, car c’était un bon vivant. « Cela fait 51 ans que nous étions mariés. Nous étions amis, complices et très amoureux », souligne Danielle.
Fils de diplomate, André Adam obtint son premier poste à La Havane en 1964. Une jeune secrétaire française travaillait à l’ambassade belge. Elle s’appelait Danielle… Ils vécurent ensemble une brillante carrière diplomatique qui les emmena à Paris, Kinshasa, Londres, Bruxelles (où il fut chef de cabinet du ministre Henri Simonet), Los Angeles, Alger, Washington, avant de connaître la consécration à la Représentation de la Belgique à l’Onu. Le pire des postes fut Alger, où à la fin des années 80 montait l’intégrisme religieux. Le diplomate y négocia la diminution, en quantité et en prix, d’un contrat gazier qui fit économiser beaucoup d’argent à la Belgique. André Adam croyait en son pays et à son esprit d’entreprise. « Son rêve était que chaque petit Chinois ait une tablette de chocolat belge », sourit son épouse.
Le 22 mars, André Adam avait conduit son épouse à Zaventem où elle devait s’envoler, avec sa fille Isabelle, pour les Etats-Unis. Prudent, il était arrivé tôt, à 7h15. Trop tôt. « On avait rendez-vous à 8h30 », explique Isabelle, qui ne parvint jamais à joindre l’aéroport à cause des attentats. Que sa fille ait échappé au massacre est pour la mère une énorme consolation. Ses quatre enfants et sept petits-enfants l’entourent, plus solidaires encore qu’avant.
Christophe Lamfalussy