Lauriane Visart, 27 ans
Une juriste intègre.
Ses parents, sa famille et ses proches ont fait le choix de la retenue. Par pudeur, mais aussi pour perpétuer la mémoire de ce qu’elle était, ils préfèrent ne plus s’exprimer en public au sujet de Lauriane. Dans les médias, seul son père, Michel Visart, journaliste économique à la RTBF, a témoigné de l’attente, de l’angoisse, puis de la douleur qui fut la sienne et celle de sa famille le 22 mars, alors qu’il ne recevait aucune nouvelle de sa fille, et que les messages envoyés demeuraient sans réponse.
Sans doute y a-t-il dans cette discrétion souhaitée, le témoignage le plus fort de ce qu’était Lauriane, et des valeurs qu’elle portait. « Lauriane était une juriste très intègre, et très à cheval là-dessus, donc c’est sa liberté de penser que je ne peux pas prendre pour moi ici », expliquait Michel Visart lorsque, sur les ondes de la RTBF, on lui demande s’il a un message à faire passer pour sa fille. « Je ne le sais pas, et je ne veux pas parler pour elle ici. »
Tenant la parole en haute estime, Lauriane Visart lui avait dédié sa vocation. Jeune juriste bruxelloise de 27 ans, elle travaillait auprès des Mutualités socialistes et était restée « une passionnée de droit public », dit de son ancienne étudiante à l’Université catholique de Louvain (UCL) le professeur de droit constitutionnel Marc Verdussen. Et, plus profondément encore, une passionnée « du droit, de la justice et de l’équité ». « Lauriane faisait partie de ces étudiants qui ont compris qu’un cursus universitaire réalisé sans utopie engendre le risque d’un repli intellectuel », poursuivait-il dans le « Journal des tribunaux ». « Lauriane a compris que le droit n’est pas une fin en soi, [et que] pour ne pas le réduire à une discipline de tuyauterie, il faut l’arrimer à des idéaux et l’inscrire dans un horizon de valeurs. Pas n’importe quelles valeurs, mais ces valeurs qui, aujourd’hui plus que jamais, en cette période douloureuse, nous autorisent à croire en des jours moins sombres. »
Ces certitudes, Lauriane se les était forgées tout au long de ses études à l’UCL et à l’Université Laval à Québec, où elle a également étudié. Si elle les a mises au service du droit, de la justice ou de l’égalité entre les hommes et les femmes, elle les a mises au service de sa vie également.
C’est d’une jeune fille « joyeuse », « souriante », « disponible » et « déterminée » dont ont témoigné nombre de ses amis, que Lauriane côtoyait au Royal Daring Hockey Club, ou dans le cadre des mouvements de jeunesse au sein desquels elle était très investie.
Le mardi 22 mars, ce sont ses collègues qui les premiers ont pris peur, ne la voyant pas arriver dans son bureau situé dans le centre-ville de Bruxelles. Comme tous les matins, Lauriane avait pris le métro qui passait par Maelbeek.
Regarder vers l’avenir et construire un autre monde, plus tolérant, plus ouvert, voilà le chantier qui nous attend, avait conclu Michel Visart sur la RTBF. Un chantier auquel Lauriane « aurait participé ».
Bosco d’Otreppe